La vie est un roller coaster où on ne peut pas prévoir les montées et les descentes. On monte dedans sans même le choisir, nous bande les yeux et, le coeur plongé dans l'inconnu, le chariot démarre. D'abord, ce sont nos parents qui occupent les premiers sièges. Parfois, de nouvelles personnes prennent place. Souvent, d'autres s'en vont en pleine adrénaline. Qu'importe la montée ou la descente, on ne peut rien contrôler ; juste laisser avancer. Puis, à force de subir ce manège fou, de ne pas réussir à suivre la cadence, on sent sa tête tourner, les rouages grincer, les secousses se raidir, l'envie de s'en aller...
Et d'un coup, tout s'arrête.
On panique, on se questionne, on ne comprend pas. Pourquoi le chariot ne redémarre plus ? Pourquoi certains attendent, mais d'autres s'impatientent et le quittent ? Pourquoi personne ne décide de le réparer ? Pourquoi personne ne connaît le problème ? Pourquoi personne ne le résout ?
Alors on patiente, nous aussi. Sous le soleil, la neige ou la pluie, seul, vide et fatigué. Rien ne vient. On continue d'attendre. De s'épuiser alors qu'on ne bouge plus. On ne fait même plus attention aux passagers. On entend des échos, ressent parfois quelques mouvements... Le temps continue de couler sans notre véritable présence. Pourtant, le seul capable de tout rallumer, de trouver la faille et de la réparer, c'est nous, évidemment.
La bonne question à se poser, s'il y en a une, serait plutôt : Comment refaire marcher tout ce mécanisme ? Pour cela, la réponse dépend de chaque manège. La partie cassée peut varier d'un à l'autre tout comme le temps de réparation, la main d'oeuvre... Tout est à prendre en compte. Le plus important, c'est de réaliser que nous sommes le mécanicien de ces montagnes russes de l'aveugle, mais que nous n'arriverons à rien tout seul avec nos petits bras frêles.
M'étant déjà un jour sortie de cet arrêt brutal dans ma vie, il est évident que trouver les outils nécessaires pour continuer à avancer n'est jamais chose aisée. On tente des choses, on échoue, on recommence et un jour on finit par ressentir les efforts fournis. Même à nouveau en plein stop, il existe ce genre de "déclics", ces choses qui vous font réaliser l'existence de votre reflet actuel dans le miroir. Ce moment où l'on se dit "merde" d'une voix un peu trop forte. Où l'on se rend compte que, effectivement, on ne va pas bien et que le mécanisme s'est intégralement immobilisé.
Le jeu vidéo m'a aidé à prendre conscience de cela. Quand je dis "prendre conscience", je veux dire par là que oui, je me savais en dépression, mais je n'agissais pas vraiment pour apprendre à m'accepter comme je suis et à évoluer. Il fallait que je me relève enfin, les deux pieds à terre, pour me préparer à marcher. L'ayant déjà dit sur ce blog, nos passions sont d'une grande aide même si elles sont dures à entretenir quand rien ne semble se mouvoir.
En avril 2017, le jeu Persona 5 par le studio Atlus sort enfin en occident. Etant vers Toulon chez mon ex à la même période, j'attends d'abord de le recevoir chez moi avant d'y aller et de jouer au moins dix heures par jour au Graal tant attendu. L'installation était totalement prévue pour que nous en profitions chacun sur notre console tout en étant dans la même pièce : deux télés dans le salon, chacun son casque et son édition collector du jeu. Cette semaine-là, nous n'avons fait que ça avec de l'immense joie, débattant sur le scénario quand nous quittions enfin nos yeux des donjons, tout ça pour que je termine personnellement ce RPG en cent-quatre heures. Quant j'entends le générique de fin, que je vois les noms défiler et chaque personnage apparaître sur la gauche un après l'autre, je ne me sens pas triste d'avoir terminé l'aventure. Au contraire, je suis soulagée et satisfaite. Je comprends que je suis maître de mon destin, tel que Persona 5 nous le crie sans cesse et le revendique dans son récit.
Cependant, c'est un élément particulier qui m'a vraiment impacté et foutu un coup de poing en pleine face : le personnage de Futaba Sakura ainsi que tout son arc scénaristique.
Futaba est une jeune fille introvertie de 15 ans traumatisée par la mort de sa mère. Adoptée par Sojiro Sakura, elle a stoppée toute activité scolaire et passe le plus clair de son temps dans sa chambre à jouer, passer sa vie sur internet, bref tout ce que je faisais aussi à l'époque. Selon elle, sa chambre est "sa tombe" ; aucun espoir n'est ressenti par l'adolescente. Elle refuse tout contact humain et n'ouvre sa porte à personne.
On pourrait penser qu'elle ne veut pas être aidée, or elle demandera implicitement cette fameuse aide au protagoniste, Joker, et ses amis membres des Phantom Thieves : des voleurs de "coeurs" pouvant changer la personnalité d'une personne tourmentée au point de créer dans un monde cognitif ce que l'on nomme un "Palace". Futaba veut qu'on vole son coeur : elle veut changer. Sa souffrance la fatigue. Elle sait que quelque chose n'est pas sain, que son traumatisme l'enferme dans une simple attente de la mort. Pour Futaba, le mécanisme est bloqué et, réalisant son rôle de mécanicien, agit d'une des manières les plus braves : elle demande à ce qu'on l'aide.
Je vais éviter de plus spoiler et donc rester légère sur la façon dont Futaba finit par s'ouvrir à la lumière du jour. Ce qui est important à retenir ici, c'est qu'après ces années d'isolement, d'anxiété, de dépression et de désespoir, elle réussisse à se relever pour faire fonctionner la machine à nouveau. Ce personnage est le reflet dans le miroir que je n'avais pas encore vu pour que moi-même je me relève. Le futur s'est déroulé d'une manière ou d'une autre, soit, mais dans ces moments de ma vie, j'avais besoin d'un véritable écho afin de pouvoir, moi aussi, réparer tout ce qui s'est brisé.
Lorsqu'on réalise, on ne peut qu'avancer. Futaba a été pour moi, en plus d'un très bon personnage, une manière de me regarder et de faire une introspection sur la manière dont je dois travailler sur moi-même. Il fut un temps, grâce à tout cela, où ça marchait très bien. Ce qui parle à notre coeur nous amène à montrer nos plus grandes forces. Alors vous aussi, écoutez tout ce qu'il se passe autour de vous. N'oubliez jamais que chaque détail peut devenir un élément déclencheur de la suite de votre vie, mais qu'en attendant il faut continuer de prendre soin de soi.
Ainsi, le manège va redémarrer.
- Melia
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